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Discours de Jean-Luc Laurent, maire du Kremlin-Bicêtre, lors de la commémoration du 11 novembre 2006 en présence de Lazare Ponticelli, ancien combattant de la Première Guerre.

Jean-Luc Laurent Maire du Kremlin-Bicêtre, lors de son discours le 11 novembre 2006Monsieur le Préfet,
Mon général,
Monsieur le Délégué Militaire Départemental,
Monsieur le sous-préfet,
Monsieur le directeur de l’office des Anciens Combattants,
Mesdames et Messieurs les officiers, sous-officiers et militaires du rang, Messieurs les représentants de la gendarmerie, des pompiers et du commissariat de police,
Monsieur le président de l’UFAC,
Mesdames et messieurs les élus,
Jeunes gens, jeunes filles,
Mesdames, messieurs,

Nous venons d’assister à une belle cérémonie en mémoire de la génération du feu qui est entrée brutalement dans le siècle, le 4 août 1914.
Que personne ne s’y trompe : nous ne sommes pas ici pour glorifier la guerre et les guerriers. Nous honorons des citoyens, des citoyens pris dans la tourmente de l’histoire, des citoyens-soldats.
La guerre est une calamité et le XXème siècle, plus qu’aucun autre siècle, a marqué une rupture et une plongée dans l’horreur commencée en juillet 1914. Nous, qui avons la chance de connaître la paix sur le territoire national depuis 1962, nous ne devons pas jeter un voile d’incompréhension, de mépris ou d’ignorance sur ces hommes, ces citoyens qui ont fait leur devoir en étant des soldats-citoyens.
Le destin tragique de l’humanité, c’est bien de devoir faire la guerre. Faire la guerre sans la vouloir. Faire la guerre sans l’aimer, c’est le sort tragique du soldat-citoyen.
En quelques semaines, la guerre s’est imposée aux nations d’Europe et au monde comme un engrenage. Des millions de français ont été mobilisés, ont quitté le champ, l’usine ou le bureau, ont quitté leur famille pour aller combattre, persuadés d’être de retour avant l’hiver, persuadés de revenir vainqueurs après quelques manœuvres. Mais le piège de la première guerre mondiale- de la première guerre industrielle- s’est refermé sur eux pendant quatre longues années de cauchemar, dans la boue des tranchées.
Lazare Ponticelli lors des cérémonies du 11 novembre 2006Notre concitoyen du Kremlin-Bicêtre, Lazare Ponticelli a connu un sort un peu différent. Il était italien vivant en France depuis 1907. Dès le mois d’août, il s’est engagé à 17 ans avec son frère, pour défendre comme il dit « le pays qui l’a accueilli ». Il a voulu s’engager, il a même insisté. Car son pays était désormais la France et par sa décision il signait un pacte d’honneur avec notre pays. Il s’est donc engagé dans la Légion Etrangère avec laquelle il a combattu d’abord à Soissons puis à Verdun jusqu’au printemps 1915, date d’entrée en guerre de l’Italie aux côtés des Alliés. Après avoir tenté d’être remobilisé par l’armée française, il finit par rejoindre contre son gré l’armée italienne pour combattre les Autrichiens dans les Alpes. Sous l’uniforme italien, il témoignera aussi à plusieurs reprises de son héroïsme.
Lazare, votre destin est magnifique. Vous illustrez plus qu’aucun autre l’ouverture de notre nation sur le monde et son attraction. Beaucoup de gens qui naissent Français ne mesurent pas toujours le sens et la portée de l’appartenance à une nation.
Comme tous ceux qui ont choisi d’être français, votre parcours met mieux en évidence le sens de cette idée. Dans les circonstances terribles de la Première Guerre mondiale, bien avant d’être naturalisé, vous avez par votre engagement choisi d’être Français. La France est notre pays, nous recevons beaucoup et nous devons rendre. Le citoyen a des droits, il a des devoirs. Vous le savez parfaitement.
Les manuels nous expliquent que la conception française de la nation est ouverte. Le sentiment national français parce qu’il est fondé sur la volonté est plus ouvert que d’autres modèles nationaux fondés eux sur le droit du sang ou sur la communauté culturelle ou linguistique. La France républicaine est fondée sur l’égalité de tous ses citoyens quelque soit leur origine, la couleur de la peau, les choix individuels philosophiques ou religieux. La France est une nation ouverte, elle est une communauté de destin et de projets. Ces mots ne sont pas les vôtres, cher Lazare Ponticelli. Mais je sais, par nos conversations depuis des années et par votre histoire, que vos choix et votre vie illustrent cette conception républicaine de la citoyenneté.
Comme beaucoup d’Italiens fuyant la misère, le hasard vous a conduit à Nogent-sur-Marne au début du siècle dernier. A partir de ce hasard initial, vous avez forgé un destin que nous devons tous méditer.
A l’heure où notre pays traverse une crise nationale, à l’heure où à la question essentielle qui pose : que faisons-nous ensemble ? trop de personnes répondent par le silence, le vide, le doute ou un haussement d’épaule.
Votre choix d’être français, d’inscrire votre existence individuelle dans une aventure collective par votre engagement militaire comme par votre travail d’entrepreneur tout au long de votre vie, mérite le plus grand respect.
C’est ce que modestement, nous avons essayé d’exprimer par cette cérémonie en présence de Monsieur le Préfet du Val de Marne, du général Boucher, du colonel Dodane, de la légion étrangère qui a décidé de mettre à l’honneur l’un de ses anciens et avec la participation, comme chaque année, de l’UFAC, du conseil municipal, du Fort de Bicêtre, de la gendarmerie, des pompiers, de collégiens de la ville, d’associations comme les Restaurants du Cœur, de la Croix Rouge,et les kremlinois. Merci à vous tous pour votre présence.
A vous, M. Ponticelli, aux autres poilus survivants, à tous vos frères d’armes qui ont survécu aux massacres, mais aussi au million de morts de la Grande Guerre, la République française doit son existence.
Depuis des années, le Kremlin-Bicêtre vous rend hommage et veut contribuer ainsi au travail de mémoire dont vous dites « qu’il arrive tard ».
Ayons une pensée émue et respectueuse pour Maurice Floquet, le doyen des poilus, qui nous a malheureusement quitté hier.
Aux désormais 4 survivants et aux millions de disparus, la France consacre cette journée du 11 novembre. En souvenir du terrible sacrifice et de cette guerre qui fut selon le mot de George Kennan, « la catastrophe fondatrice » du siècle dernier.
Adressons nos pensées.
Et concluons par ces mots simples et porteurs de notre avenir commun : .
Vive la paix !
Vive la République !
Et vive la France !

Jean-Luc Laurent Maire du Kremlin-Bicêtre

[Ce discours est en ligne sur le site officiel de la ville du Kremlin Bicêtre
http://www.ville-kremlin-bicetre.fr/eco_empl/pages/lettreMaire5.html]


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