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A
l'occasion du 90ème anniversaire de la bataille de
Verdun nous avons tenu à rendre hommage aux millions
d'anonymes qui y combattirent de février 1916 à
décembre 1916. Nous avons choisi de le faire en évoquant
le dernier des combattants français, depuis peu disparu*.
Car à ce jour il n'y a plus aucun combattant français
encore en vie, à avoir connu l'enfer de Verdun**.
L'ultime survivant*** français était Monsieur
René Moreau (08-09-1897 / 26-10-2005, 108 ans). De
la classe 17, il est mobilisé en 1916 au sein du 112ème
régiment d'artillerie lourde. Sous-officier artilleur,
il commande une unité de tir, grimpé sur son
cheval. Sa première affectation est Verdun. Son unité
de tir se déplace fréquemment sur la ligne de
front, mais aussi sur des positions plus isolées (dans
des excavations). Un jour, lors d'une avancée en terrain
accidenté, son unité doit subitement faire face
à des gaz allemands (le gaz moutarde). Il ordonne alors
le retrait stratégique de son unité. Cette décision
sauve ses camarades et lui vaut la Croix de guerre (nous savons
que Monsieur Moreau y était très attaché).
En novembre 1917, il est reversé avec 50.000 soldats
français et britanniques, sur le front italo-autrichien.
L'Italie était alors alliée à la France
et à la Grande-Bretagne, l'Autriche à l'Allemagne.
Ce soutien va permettre aux italiens de maintenir une solide
ligne de front sur les rives de la Piave (ce peu après
la lourde défaite de Caporetto, en nov. 1917). Le régiment
d'Angoulême de Monsieur Moreau est placé sous
les ordres du général français Jean Graziani.
En juin 1918 les troupes italiennes résistent à
la grande offensive austro-hongroise (en particulier grâce
à l'artillerie française). Le 26 octobre, le
112e RA de Monsieur Moreau passe la Pave et creuse, avec l'aide
des britanniques, des brèches dans la ligne de défense
austro-hongroise. Les troupes italiennes s'y engouffrent jusqu'à
la victoire décisive de Vittorio Venetto. L'Autriche
(et ses alliés orientaux) capitule, laissant le sud
de l'Allemagne sans réels moyens de défense.
On sait l'importance de cette rupture de front dans la capitulation
de l'Allemagne (une semaine après celle de l'Autriche).
René Moreau est démobilisé en 1919. De
retour dans la vie civile il effectue une belle carrière
dans le textile : il dirigera longtemps une importante entreprise
à Angoulême. Comme beaucoup de Poilus, il restera
discret sur son passé d'ancien combattant et gardera
pour lui le souvenir de ses camarades morts au combat.
A travers son histoire, nous saluons et honorons la mémoire
de tous les soldats qui, il y a 90 ans, furent engagés
dans une des plus sanglantes batailles de l'ère "moderne"
: celle de Verdun.
Et le dernier vétéran allemand de Verdun ?
Si côté français Verdun est très
vite devenu un symbole de résistance et de victoire,
il en est tout autrement côté allemand. La capitulation
de novembre 18, et le séisme de la seconde guerre mondiale
ont très vite évincé Verdun de la mémoire
collective allemande. Actuellement on ne sait pas qui furent
les derniers vétérans à avoir participé
à la bataille de Verdun. L'absence d'un recensement
officiel et le manque de témoignages de vétérans
en sont la cause.
Sur la dizaine de vétérans actuellement en vie,
il semble qu'aucun d'eux n'aient été présent
à Verdun lors des "grandes" batailles. Eduard
Eis (22-03-1899 / 24-04-2006, 107 ans) semble être le
dernier vétéran allemand engagé sur Verdun
(après les grandes batailles de 1916).
Qui
sont les derniers vétérans français de
Verdun (hors 1916 ) ?
- Côté français, Lazare Ponticelli a connu
le front de Verdun. C'était en 1915 lorsqu'il combattait
pour la France avec la Légion étrangère.
Le 19 février 2006, à l'occasion du 90ème
anniversaire de la bataille de Verdun, une cérémonie
était organisée par la ville de Nogent-sur-Marne.
Monsieur Lazare Ponticelli était présent. Il
est à ce jour l'ultime Poilu présent à
une cérémonie commémorant la bataille
de Verdun.
(*) et malheureusement fort peu évoqué en cette
année anniversaire.
(**) voici en effet les principales situations des huit derniers
survivants français au cours de la Guerre 14-18 : Monsieur
Floquet fut blessé et écarté des champs
de bataille en septembre 1915 ; Monsieur Ponticelli dut quitter
le front de Verdun et rejoindre l'Armée italienne en
1915 ; Messieurs Weil et Decazenave furent engagés
plus tardivement, dans les combats du Chemin des Dames (1917)
; Monsieur Gilson débuta en mars 1918, sur le front
belge ; Messieurs Riffaud et G., de la classe 18, furent incorporés
en 1917 ; quant à Monsieur Jaffré, il combattit
dans la Marine.
(***) les renseignements qui suivent sont tirés d'un
article du journal "La Croix" consacré à
Monsieur Moreau [La Croix du vendredi 28 octobre 2005,
p.14] et écrit par Monsieur Antoine Fouchet. Merci
à lui et à son journal.
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