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Léon Weil est né le 16 juillet
1896 à Paris, dans le quartier de la rue du Faubourg
Saint-Martin (10ème arrondissement). Ses parents étaient
commerçants dans la rue du Château d'Eau (à
deux pas de la Place de la République). Léon
Weil grandit dans le quartier et fréquente l'école
du coin. Il devient vendeur en grand magasin. A ses temps
libres il part au Théâtre écouter la grande
Sarah Bernard. La boxe est déjà sa passion :
il se passionne pour les combats de Georges Carpentier, alors
champion d'Europe.
De la classe 1916, il est incorporé le 11 août
1916 au sein du 5ème Bataillon de Chasseurs à
Pied, et de la Compagnie 11. Les Bataillons de Chasseurs à
Pieds étaient composés généralement d'hommes de petite
taille, très vifs et excellents tireurs. Ces bataillons rapides
agissaient en tirailleurs à l'avant de l'infanterie, c'est
à dire en profitant des accidents de terrain pour se poster
et viser. Le 5ème BCP de Monsieur Weil était
le "fer de lance" de la 66ème Division d'Infanterie.
Léon Weil effectue ses mois de classe à Lons-Le-Saunier.
Il est alors envoyé dans la Marne, au Chemin des Dames,
là où les offensives du Général
Nivelle "consomment" des compagnies entières.
Le 11 mai 1917 il intègre la 3ème Compagnie
de ce même 5ème Bataillon. Avec ses compagnons
de première ligne il multiplie les assauts et fait
face aux attaques adverses : balles et obus déciment
les camarades ; les conquêtes de tranchées se
font à la baïonnette. Témoin des mutineries
de 1917, il refuse de participer aux pelotons d'exécution
: <<je leur ai dit qu'il ne fallait pas compter sur
moi. J'ai fait un peu de prison pour ça>>. Mais
il est très vite libéré pour aller combattre.
Fin octobre 1917, Pétain a remplacé Nivelle
et Mangin. Une offensive limitée au secteur ouest du Chemin-des-Dames,
autour de La Malmaison, est décidée. Les combats
sont livrés du 23 au 26 octobre 1917 ; cette opération
est un succès et les Allemands doivent se replier au Nord
du Chemin-des-Dames, dans la vallée de l'Ailette. Léon
Weil et son Bataillon de Chasseur à Pieds sont aux
premières lignes. Le 26 novembre 1917, il sera distingué
par le Général de la 66ème Division d'Infanterie
pour avoir << prix une part active aux affaires des
23-24-25 et 26 octobre 1917 et s'être bravement comporté
en accomplissant tout son devoir.>>
De novembre 1917 à août 1918, son bataillon combat
dans la Somme (le Bois des Brouettes, le Gros-Hêtre, Castel,
Bois en Z, Morisel,...). Mais il semble que Léon Weil
soit à cette période en train de combattre dans
les Vosges (sur les pentes du Grand Ballon d'Alsace, à
l'Hartmannswillerkopf).
Le 06 juin 1918, Léon Weil intègre un régiment
de tanks : le 500ème Régiment d'Artillerie d'Assaut.
Il est en formation à Orléans quand arrive l'Armistice.
Il passe au 505ème Régiment d'Artillerie d'Assaut
à Nancy le 10 mars 1919.
Monsieur Weil aura la douleur de perdre deux de ses frères
au cours de la guerre.
Après sa démobilisation en 1919, il reprend
son métier de vendeur dans un grand magasin.
En 1943, il devient membre du réseau de résistance
Gallia à Lyon, sous le pseudonyme de Victor. Agent
de liaison avec les policiers résistants, il délivre
également de faux papiers.
En 1945, il reçoit une citation du général
Juin, pour ses hauts faits pendant l'Occupation. La médaille
militaire lui est accordée par décret du 05
novembre 1951. En 1953 il obtient une deuxième croix
de guerre (après celle de 14-18). En 1957 il reçoit
la croix du Combattant de 39-45. Il était chevalier
de la légion d'Honneur.
Jusqu'à la fin de sa vie, Léon Weil étonnait
par sa vivacité et la parfaite mémoire qu'il
avait gardée. Les horreurs de la guerre avaient fait
de lui un vif partisan de la paix. La guerre, cette machine
<<à faire des veuves et des orphelins>>,
<<ne sert qu'à faire mourir les hommes et enrichir les
marchands de canons>> (déclarait-il en novembre
2005 au Parisien).
Comme tous nos grands anciens, Monsieur Weil était
d'une profonde gentillesse, et c'est avec intérêt
et curiosité qu'il aimait à s'entretenir avec
ses visiteurs. Le 11 novembre dernier, il avait reçu
quatre élèves du collège Daudet de Draveil
à qui il avait gentiment livré son témoignage.
L'annonce de sa disparition nous a particulièrement
touché. Nos pensées vont à sa famille
et à sa fille, qui l'entourait si bien.
[Rédigé le 09 juin 2006]
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[source : plusieurs éléments
de cet article sont issus de l'article de Benoît Hopquin,
dans Le Monde du 20 avril 2006 ; nous le remercions très
sincèrement, ainsi que son journal.]
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