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Monsieur Raymond Cambefort est un des trois
derniers vétérans français de la Grande Guerre encore en vie.
Il ne possède pas le statut officiel d'ancien combattant car
ne validant pas un des critères requis, notamment les trois
mois passés en unité combattante. Les autorités militaires
françaises reconnaissent cependant et de façon officielle
sa participation à la <<campagne contre l'Allemagne
du 28 août 1918 au 10 octobre 1919 >> (soit un an et
deux mois de campagne).
Avec l'autorisation de sa famille, nous mettons en ligne les
documents attestant nos dires : il s'agit d'extraits de son
livret militaire (voir ci-contre).
Pierre Malinowski, notre envoyé, a rencontré
Monsieur Cambefort. A partir des éléments biographiques collectés,
nous avons pu établir le portrait que voici.
Raymond Cambefort naît le 11 février 1900 à Toulouse (Haute-Garonne).
Il est le troisième enfant de la famille : le frère aîné décède
peu après la naissance ; Gustave, le deuxième, naît le 7 janvier
1897 à Carcassonne (Aude).
Raymond Cambefort va à l'école et obtient son certificat d'études
primaires supérieures. Il est ensuite apprenti-mécanicien.
En 1918, il exerce la profession de modeleur-mécanicien en
machine-outils. Il habite avec ses parents à Salvagnac,
dans le Tarn.
Pendant ce temps, son frère Gustave réalise de brillantes
études. Il devient ingénieur aux Art-et-Métiers. Mais la guerre
fait rage et les jeunes hommes manquent. Gustave est appelé
en 1917 en tant qu'aspirant, et intègre le 7e régiment du
génie. Il combat près de Verdun et entretient avec sa famille
une importante correspondance.
Le 20 juin 1918, à Monchy-Humières (Oise), Gustave et son
régiment se lancent dans une périlleuse offensive. L'attaque
échoue : il faut rapidement se replier. Lors du repli, un
éclat d'obus touche Gustave à la tête et le tue.
A l'annonce de la terrible nouvelle, la famille est anéantie.
Raymond Cambefort est le seul survivant des quatre frères
(un frère jumeau de Raymond était également mort à la naissance).
L'ambiance n'est plus supportable.
Raymond Cambefort décide de s'engager et demande à partir
pour le front : mais cela est impossible en raison de son
jeune âge (18 ans). Comme il est mécanicien, l'armée l'affecte
dans la construction des avions. Appartenant à la classe 1920,
il est rattaché à celle de 1919 (son numéro de matricule de
recrutement est le 1198). Le 28 août 1918 il intègre, en qualité
d'<< engagé volontaire pour la durée de la guerre >>
(comme il figure sur son livret militaire), le 1er groupe
d'aviation. << Arrivé au corps le 1er septembre 1918
>>, on l'envoie faire ses classes à Pau. Il part ensuite
à Dijon où il construit des avions (des ailes notamment) ;
il y côtoie des ouvriers annamites venus des colonies.
L'annonce de l'armistice affecte profondément Raymond Cambefort
: il ne lui sera ainsi plus possible de combattre ; la mort
de son frère Gustave, à seulement cinq mois de la fin
des hostilités, est d'autant plus terrible. Raymond Cambefort
reste dans l'armée jusqu'au 4 novembre 1919 (il demande lui-même
sa fin de service).
L'armée lui manquant, il incorpore le 502e régiment de chars
de combat, le 16 mars 1920. Il y reçoit une formation de mécanicien
de chars légers, et y reste un an. Il est caporal et porte
le matricule n° 1271.
Sous-officier de réserve (sergent fourrier), il est rappelé
en activité le 28 août 1939, lors de la Seconde Guerre mondiale.
Il est renvoyé dans ses foyers le 30 octobre 1939.
Après la guerre, il monte et dirige une entreprise de fonderie.
Un temps, Raymond Cambefort voudra s'inscrire à une association
d'anciens combattants des moins de vingt ans. Mais, faute
de temps, il ne donnera pas suite à sa démarche.
Jusqu'à l'âge de 104 ans, il pratique la gymnastique, son
sport de toujours.
Aujourd'hui âgé de presque 108 ans, Raymond Cambefort, bien
que n'ayant pas directement combattu, se considère comme un
Poilu. Quoiqu'il en soit, il est officiellement un des trois
derniers français encore en vie à avoir effectué la <<
campagne contre l'Allemagne>>, dès août
1918.
[Article écrit le 28 décembre 2007 par Frédéric Mathieu,
à partir des éléments fournis par Pierre Malinowski, la rencontre
avec M. Cambefort ayant eu lieu le vendredi 21 décembre 2007]
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Extraits
du livret militaire de Monsieur Cambefort
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